Texte rédigé par Pascal Jouxtel dans le contexte des 10 ans des éditions le Pommier.
Un mot nouveau toque à la porte de la langue française ! Il y a cinq ans, moins d’une centaine de personnes connaissaient la mémétique. Songez aux calembours auxquels on dut faire face de bonne grâce, car ils créaient du buzz, ouvrant le débat comme le fit le scandale providentiel du temps de cerveau !
Une théorie évolutionniste de la culture, ce fut niet pour bien des humanistes amalgamant, poils hérissés, darwinisme, naturalisme « annglo-saxon », eugénisme, marketing et manipulation mentale ! L’entrée de la mémétique dans le Larousse dépasse en difficulté celle d’un noir à la maison Blanche. Les fauteuils à écarter pour caler son petit pliant pèsent des tonnes.
Pourtant les médias, les entreprises, et les réseaux ont continué le travail de partage, conscients que l’intelligence limitée à la science établie ne suffit plus. La crise nous implique et nous dépasse tous, individus et institutions. C’est le cerveau collectif de la société qu’il faut mobiliser car le monde attend un nouveau paradigme et exige qu’on le re-perçoive. Les logiques dominantes s’épuisent, mettant à nu les liens entre flux de matière et d’argent, marchineries, icônes, appartenances, et sensations physiques. Qu’importe que la mémétique soit une science, une théorie ou juste une attitude : elle ouvre un chantier de reperception du monde, au sein duquel des points de vue, demeurés cloisonnés sous l’effet d’une prospérité cynique, devront désormais s’écouter.