Dans la rubrique de ce site réservée aux « non-francophones », on retrouve certains grands noms de l’histoire de la mémétique, tels que Susan Blackmore, Howard Bloom ou Richard Brodie… D’ailleurs la galerie de portraits n’est pas complète, il manque notamment Dawkins et Dennett… Cet oubli paradoxal sera réparé un jour.
Il reste que cette époque est un peu ancienne, comme en témoigne le look de certains sites, qui datent de l’an 3 avant FB ! Cela signifie-t-il que la mémétique survivrait dans les pays Francophones, dans le monde Arabe, en Italie ou en Amérique Latine, alors que les anglo-saxons s’en désintéressent ? Nous avons constaté en 2013 qu’un blogger nord-américain, interviewant Paola de Vecchi Galbiati, qui est Italienne, prononçait le mot meme non pas comme dream mais légèrement à l’italienne (mèmé) comme s’il ignorait l’histoire de la fabrication de ce mot par Dawkins.
Il faut reconnaître qu’aux Etats-Unis, la mémétique a progressivement dévié sur la description des « Internet Memes« , surnom donné aux contenus auto-réplicatifs du web. Ce champ d’étude est intéressant justement pour démontrer la capacité naturelle de réplication de contenus en ligne spontanément et irrépressiblement partagés par des communautés de geeks. On appelle ça « to go viral »… Quand un lien récupère 50.000 hits en quelques jours, on peut raisonnablement se demander si l’on a encore affaire à la réalisation d’un plan organisé par un ou plusieurs auteurs… ou à un véritable phénomène naturel. C’est exactement ce que décrit le début du film de D. Fincher « The Social Network ».
On ouvre évidemment le débat sur la contribution à ce phénomène de la machinerie de relance de Google (via YouTube) qui aujourd’hui envoie systématiquement par gmail un hit-parade des vidéos les plus populaires afin qu’elles le soient encore plus. Ce faisant, Google ne fait qu’appliquer le raisonnement développé par Richard Dawkins dans l’horloger aveugle au sujet du cap de popularité d’une oeuvre en librairie, quand mettre les piles de livre en vitrine commence à devenir l’intérêt du libraire ! C’est tout simplement l’effet Hit-Parade, une évidence pour un méméticien…
Mais lorsque la spontanéité favorise la spontanéité, que la récupération entraîne la récupération et que le recyclage succède au recyclage, on se trouve en présence d’une nouvelle écologie, comme le démontre une étude approfondie du site « Know Your meme« . La caractéristique la plus étonnante de Know your meme, outre le fait qu’il s’agit d’une marque déposée, est que ce site représente une masse de travail considérable, 100 fois supérieure à tout ce que la mémétique « classique » a réussi jusqu’à présent à récolter comme « temps de cerveau » !
On peut simplement déplorer que toute cette recherche soit purement descriptive et ne s’attache pas suffisamment à démonter les mécanismes psycho-techno-sociologiques qui font « tourner » la machine de réplication.